On vit dans une société (je hais ce texte)
C’est devenu difficile pour moi d’écrire parce que
lorsque l’envie me prend, je ne la saisis plus. L’envie me prend notamment
durant mes insomnies, j’imagine des phrases qui me dévorent l’esprit, mais malheureusement
la fatigue ne m’offre plus la force physique pour le sortir de mon intérieur.
Quand je pense au temps passé, le temps passé m’étouffe, mais je voudrais
tellement apprendre à le manier pour éviter cet effet plombant. Dans ce temps
passé, j’ai essayé de me retrouver, de me comprendre, d'aller mieux, de parler
à une psychologue, mais je me sens toujours dans cet inconfort quotidien.
J’essaie de le faire exploser pour m’en débarrasser, le truc c’est que je
n’étais pas préparée à moi. Je ne suis pas prête à me savoir, me comprendre et
me laisser vivre en paix. Ce que je veux dire par là, c’est que j’ai passé
presque un an à être comme conduite par quelqu’un d’autre, le reste n’avait
aucune signification sur le long terme pour moi. C’était peut-être l’amour,
c’était sûrement autre chose pour essayer de me fuir car c’est terrifiant de
vouloir être qui on est quand tout semble déboussolé et maladif en nous. Je
veux dire par là que j’ai enfin compris que ce n’était pas une solution
splendide, loin de là, c’est la chose la plus horrifiante voire terrifiante qui
puisse arriver à quelqu’un comme moi. Alors j’ai décidé de me relever, me
retrouver, « prendre goût à la vie » par autre chose que ce mécanisme débile,
mais le temps lui m’a atteint et m’a dit que tu dois paniquer maintenant parce
que tu ne sais plus quoi faire et ce que tu es en train de faire ne résonne
plus avec toi. Pour me punir, je ne dors pas parce que j’espère dans le fond
m’effondrer de fatigue afin d'avoir l'excuse de réellement disparaître. Je
crois que le livre d’Ottessa Moshfegh m’a vraiment marqué, mais je le savais
déjà bien avant de le lire. Quand je pense à la vie, je pense à faire ce que je
veux quand je le veux, mais les injonctions économiques ne vont pas dans ce
sens. Puis tout le monde est en accord avec ce fait, sauf peut-être les philosophes.
Il me faut un coup de massue pour essayer d’accepter la banalité de ce que je
viens d’énumérer. Je trouve que mon problème c’est que je n’ai aucune connexion
avec une chose supérieure à ma personne, je suis trop concentrée sur ma
personne alors j’en ai eu marre j’ai mis ca sur quelqu’un d’autre mais je dois m’être
mon dévolue sur la création pour enfin arrêter de tourner en rond ! je
veux faire brûler le système.
Dans ce genre de moment où tu perds conscience de ton
existence, dédié à la course vers l'autre, c'est l'illusion qui prime et anime
tes faits et gestes. L'illusion mélangée avec un peu de nostalgie, c'est la
recette miracle pour mal vieillir. J'étais simplement dans un état d'illusion
pleine rempli de moments de lucidité, mais beaucoup trop court pour éveiller ma
conscience. Alors, c'est un peu comme réapprendre à marcher, ou peut-être qu'on
apprend à marcher toute notre vie. Cette phrase n'était pas censée être si
profondément honteuse, mais je ne souhaite pas la supprimer. Certes, tout cela,
je crois, est totalement superficiel et futile, car il y aura toujours finalement
quelque chose d'encore plus déroutant à découvrir chez l’autre pour se perdre.
Tout ça, c'est comme s’entasser dans un tiroir. C’est l'ère du Verseau où le
cerveau reçoit comme cadeau le fait de devenir pourri. Alors moi, je continue à
m'enlacer à tout ça, parce que je n’ai pas réussi à faire autrement pour le
moment. Récemment, j'ai été confrontée à une nouvelle forme d'aliénation que je
n'avais jamais expérimentée à ce point : celle de s'informer vingt-quatre
heures sur vingt-quatre. Le résultat n'est pas spectaculaire. Je n'en vois plus
l'intérêt. Je me pose beaucoup de questions sur le journalisme. D'un côté, je
trouve que c'est une forme d'expression biaisée sur le monde sans aucune
valeur, mais d'un autre côté, je trouve ça fascinant de pouvoir toujours
changer, divaguer, partir sur tous les sujets, mais avec toujours ce fil
conducteur de la neutralité de l'information. Demander de la neutralité chez
des êtres humains profondément ancrés depuis toujours par des formes d'opinions,
est-ce réellement utile ? Est-ce contre-productif ? J'irai même jusqu'à dire :
la neutralité de l'information ne serait-elle pas nocive ? Après, je sais qu'il
existe dans cette forme de neutralité une forme d'expression de tous les
opinions, mais je crois que ça ne me satisfait pas. Puis, informer les gens
tous les jours pour le restant de mes jours ? Disons que je préfère aller
toucher de l'herbe et écrire de la poésie incompréhensible. Bon sang, tu veux
finir troubadour, comme tous les jeunes gens marchant dans les manifestations
pour le climat. Je crois que c'est mieux que de créer du "contenu pour les
pouces", je crois que c'est mieux pour moi que d'être "capable de
trouver le mail de la personne idéale pour trouver un stage". Peu importe,
je ne m'inquiète plus, parce que je suis jeune, insouciante, mais je me dis
qu'un jour, je vais devoir fournir quelque chose pour être rémunérée. Cela me
paraît abstrait. Je ne suis bonne qu'à... Je ne trouve rien pour remplir cette
phrase. Veuillez m'en excuser.
J’ai l’impression dans ma vie de ne rencontrer que des
choses qui me rendent malade physiquement et psychiquement. Je veux dire par là
qu’à chaque essai, tentative de trouver une voie pour m’exprimer, je me trompe
et je trébuche. Pendant longtemps, trébucher ne me dérangeait pas, mais à vrai
dire cela dure depuis trop longtemps. Pourquoi est-ce toujours si évident de
foncer dans l’opposé de ce que l’on désire ? Parce que nous sommes accros à l’auto-sabotage,
parce que cela nous rend complice d’un événement dramatique infligé par
nous-mêmes à nous-mêmes, parce que cela atteint notre corps et notre esprit,
parce que cela nous permet d’être en contact avec une forme de vérité pure.
C’est juste un appel à l’aide parfois (souvent).
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